Fondement scientifique du Beau : des pistes contre le déclin
Par Thomas WHYTE
8 mars 2023
« La beauté sauvera le monde ! »
Mais qu’est-ce que la beauté ? Peut-elle s’envisager scientifiquement ?
On la dit subjective, donc relative, pour mieux justifier depuis plusieurs décennies de ne plus s’en préoccuper en art, en architecture, en urbanisme, et moins encore dans les décisions politiques (ce ne serait pas sérieux !) – y compris quand elles concernent la protection de la nature, domaine où pourtant, nous allons le voir, un sens affuté du beau devrait jouer un rôle précieux.
Notre perception du beau est-elle innée ou acquise ? Peut-elle s’affiner ? Se corrompre ?
Et surtout, pour reformuler la question de Dostoïevski à son Prince Mychkine : notre sens du beau peut-il devenir un guide contre les risques de déclin anthropologique, individuel ou collectif ?
Si la présente étude est d’essence philosophique, comme tout questionnement sérieux en la matière elle entend :
- viser un but pratique – nous dirons opérationnel ;
- et s’appuyer avant tout sur des éléments scientifiques, en particulier sur les réflexions richement développées en la matière par l’éthologue et prix Nobel de médecine Konrad Lorenz.
Nous nous poserons successivement les questions suivantes :
- Le beau est-il subjectif ?
- Peut-il s’apprendre ?
- Si oui, par quelles voies ?
- Peut-il être corrompu ?
- Peut-il nous sauver ?
PLAN DE L'ARTICLE
1. Le beau est-il subjectif ?
- 1.1. Quelques bases biologiques
- 1.2. Niveaux du beau
- 1.3. Exemples des trois niveaux
- 1.3.1. Beau universel
- 1.3.2. Beau culturel
- 1.3.3. Beau individuel
2. Le sens du beau peut-il s’apprendre ?
- 2.1. Complémentarité de l’inné et de l’acquis
- 2.2. Des critères innés
- 2.3. Affinage des critères innés par l’apprentissage
3. Comment notre sens du beau s’affine-t-il ?
- 3.1. Cerveau rationnel
- 3.2. Cerveau ratiomorphe
- 3.3. Mémoire, intuition, et beauté
- 3.4. Intelligences rationnelles et ratiomorphes
- 3.5. Phases ontogénétiques
4. Notre sens du beau peut-il être corrompu ?
- 4.1. Le normal, le pathologique et le beau
- 4.2. Confusion du jugement et apprentissage pathologique
- 4.2.1. L’expérience d’Alex Bavelas
- 4.2.2. Enseignements
- 4.3. L’exemple de l’« art contemporain »
- 4.4. L’exemple de la philosophie
- 4.5. L’exemple de l’architecture
- 4.6. Critères du pathologique en matière de beau
5. Comment cultiver notre sens du beau ?
- 5.1. Pour la jeunesse : s’abreuver à la source
- 5.2. Pour tous : fiez-vous à vos impressions premières !
- 5.3. Un climat favorable à la création
- 5.4. L’importance du contact avec la nature (K. Lorenz)
- 5.4.1. La nature comme socle
- 5.4.2. L’excellence écologique
- 5.4.3. La beauté comme horizon